The Sea Camp

Dans la mouvance de l’expérimentation « The Camp » campus innovant lancé à Aix en Provence en septembre dernier, Out-There travaille aujourd’hui sur le principe d’installer dans l’écosystème Sète-Montpellier un Campus polytechnique de la mer de nouvelle génération pour préparer les jeunes, passionnés par le milieu maritime, aux futurs métiers de la mer.

S’il apparaît comme une évidence que la région Occitanie bénéficie, tant sur le plan des ressources que sur le plan géostratégique, des atouts de nature à construire autour de l’économie de la mer un levier d’identité et de développement de richesse fort, il lui manque encore aujourd’hui certains outils pour y parvenir.

Au titre de ceux-ci, la question de la formation, dans une approche moderne, agile et perméable avec le secteur économique, nous semble une priorité. Et cela d’autant plus au regard des nouveaux usages en termes de méthode d’acquisition des compétences et de pratique des futurs métiers, toutes deux en passe de largement modifier les conventions établies, à l’image des futures évolutions du paysage sociétal que les générations z imposeront.

Bien sûr, le lycée des Métiers de la mer de Sète est connu et reconnu dans toute la France pour la qualité de son enseignement qui fait l’unanimité pour ce qui est des métiers traditionnels.

Pour autant l’évolution des technologies et la vision prospective à laquelle oblige le développement de l’économie maritime, notamment dans les secteurs industriels de l’offshore ou des énergies marines renouvelables pour ne citer que ceux-là, amène au constat qu’il manque aujourd’hui dans le paysage national un outil d’éducation et de formation de très haut niveau sur les métiers de demain associés au secteur maritime.

Quelques exemples plaident d’ailleurs en la faveur d’un renouvellement de l’offre éducative spécialisée dans ce domaine. A commencer par la déconstruction des bateaux qui encombrent les ports, canaux et fleuves du territoire. Il reste encore à découvrir ce que l’on va faire des matériaux composites utilisés puisque aujourd’hui, en dehors de l’enfouissage, il n’existe aucune solution. Dans le domaine des services associés aux ports de plaisance ensuite, sujet régional s’il en est. Ce secteur en est à l’état de friche alors que le vieillissement de la population des propriétaires de bateaux associé aux possibilités désormais offertes par l’économie numérique et collaborative réoriente naturellement les solutions nouvelles vers le partage et les services personnalisés. Tout cela sans parler de l’éolien offshore dont la région Occitanie devrait s’emparer plus largement sans avoir besoin de recourir à de la main d’œuvre intellectuelle ou technique hors du territoire.

C’est donc une occasion dont la région Occitanie doit se saisir avant que l’idée ne vienne à germer sur un autre territoire maritime. Car la chance de la région Occitanie est de bénéficier d’un écosystème naturel et humain de nature à favoriser l’éclosion d’un tel projet, puisqu’en rupture totale avec les systèmes et organisations partout ailleurs développés en France et donc porteurs d’une dynamique stratégique difficile à réorienter aussi facilement que l’établissement d’un projet éducatif innovant et prospectif ex nihilo.

Car, si ce Campus de la mer, véritable école polytechnique maritime, doit naturellement privilégier des filières porteuses d’innovation et axées sur les nouvelles technologies comme sur la révolution digitale au service de l’industrie maritime de demain, il doit aussi permettre la mise en valeur des principes d’économie sociale et solidaire qui imposeront leurs modèles dans un futur proche.

Pour ce faire, ce campus devra non seulement permettre l’incubation des projets issus du cursus académique, et donc le développement d’un écosystème de spinoffs et de startups innovantes, mais aussi favoriser l’interconnexion et la fertilisation croisée des réflexions sociétales et des rencontres inspirantes qui devront les nourrir.

A la fois tiers-lieu et plateforme d’échanges scientifiques et technologiques, espace de réflexion et d’enseignement comme centre de de ressources et de partage, lieu d’incubation comme de prototypage, à la fois Fablab et Livinglab… ce Campus de la mer doit être, sur le plan régional mais aussi au niveau national, voire international, le vecteur de l’économie bleue de demain au service d’une société qui deviendra à n’en pas douter de plus en plus maritime.

C’est là le pari que doit faire la région Occitanie si elle veut, dans la logique du Plan Littoral 21, non seulement redynamiser son territoire autour de l’axe mer, mais aussi permettre d’y développer un bassin d’emploi misant sur l’ingénierie et la haute technologie de demain au service de l’économie maritime.