Tous les scientifiques s’accordent à le dire : il existe dans les profondeurs océaniques un incroyable gisement de formes biologiques dont on n’a fait jusqu’à présent qu’effleurer le potentiel pour le futur de l’humanité. En effet, cet écosystème, le plus grand écosystème terrestre, demeure encore inconnu à plus de 99% et les solutions d’innovation qu’il propose sont une source importante d’espoirs et d’attentes dans de nombreux domaines notamment l’alimentation et la médecine du futur.
Ressources bio alimentaires issues du milieu marin
De fortes menaces pèsent aujourd’hui sur la pêche mondiale : épuisement des stocks de poissons, raréfaction de la ressource, sans parler de la disparition programmée de la biodiversité alimentaire marine si nous ne changeons pas nos coutumes alimentaires et donc les mécanismes de marché qui s’en suivent.
L’aquaculture, sensée représenter une solution alternative à l’épuisement des populations de poissons sauvages, incapable de mettre en place des chaînes de nourrissages adéquat ni de proposer des espèces alternatives qui ne soient pas des carnivores de haut de chaîne très gourmands en terme de transformation énergétique pour leur croissance (saumon, bar, turbot…), amplifie le phénomène d’appauvrissement des océans.
En effet les pêches accessoires – qui n’entrent pas dans le crible du marché de la consommation et de la grande distribution mais sont transformées en farines d’aquaculture quand elles ne servent pas à nourrir les élevages intensifs de poulets – sont néanmoins prélevées dans la chaîne alimentaire naturelle et participe donc à la modification des écosystèmes et à la disparition globale de ressource et de biodiversité.
« La découverte et la valorisation
des bio ressources marines au service
de solutions alimentaires et biomédicales pour le futur :
un enjeu capital au cœur de la mission SeaOrbiter »
Il est donc grand temps d’inventer de nouvelles techniques de pêche plus respectueuses de l’écosystème marin et de développer une aquaculture fondée sur des principes pouvant nourrir une population sans cesse croissante et dont la demande en protéines venues de la mer sera exponentielle dans les années à venir, l’élevage terrestre touchant à ses propres limites. Sans parler de l’accès à la ressource marine qui doit, d’une manière éthique, être garanti aux populations côtières en voie de développement.
La solution pour résoudre une partie des problèmes d’alimentation humaine de demain réside donc dans notre capacité à inventer ces nouvelles techniques d’élevage marin durable et responsable (Par exemple : fermes marines dérivantes utilisant le principe d’agrégation de vie qui développe le phénomène naturel de formation d’un mini écosystème de vie et d’une chaîne alimentaire associée sous un objet flottant). Ce principe sera largement développé au sein de SeaOrbiter qui constitue de par sa forme un DCP (Dispositif de concentration de poissons) géant permettant d’étudier toutes les solutions en vue d’un développement de chaînes alimentaires en pleine eau et pouvant créer naturellement les bases d’un développement de ressources en protéines marines à grande échelle.
Une autre voie réside dans l’identification de micro-organismes marins (micro-algues, cyanobactéries…) pour la fabrication en masse de protéines alimentaires (compléments nutritionnels) visant à palier les déficiences des produits alimentaires issus de la pêche.
De nombreux produits issus de l’industrie des algues entrent d’ores et déjà dans l’alimentation humaine par le biais de conservateurs, de stabilisateurs ou de gélifiants naturels. C’est notamment le cas dans le domaine des jus de fruits, des crèmes glacées ou des produits laitiers. Pour autant ces composants n’entrent pour l’instant qu’à la marge dans les industries agro-alimentaires. Il s’agit, demain, de non seulement développer des compléments alimentaires issus du domaine marin et riches en minéraux et en vitamines, mais aussi d’identifier les micro-organismes capables de servir de base à la mise en œuvre de véritables process industriels visant à la fabrication extensive de protéines issues du milieu marin.
Ces recherches pourraient aujourd’hui être soutenues par un grand groupe agro-alimentaire investi dans la recherche de solutions nutritionnelles pour le futur et désireux d’ouvrir de nouveaux territoires d’innovation dans ce domaine.
Ressources bio médicales issues du milieu marin
D’autre part, les micro-organismes marins, qui comprennent plus largement virus, bactéries, cyanobactéries, métazoaires… dont une grande partie vit sous des conditions écologiques extrêmes (organismes extrémophiles), constituent de l’avis des spécialistes un réservoir difficilement quantifiable mais supposé formidable de substances actives, de métabolites, d’enzymes ou d’autre matériel génétique source de solutions potentielles dans les domaines de la pharmacologie, de la santé et de la médecine de demain.
Ce réservoir d’organismes qui demeure à analyser et à échantillonner de manière systématique, estimé de 10 à 100 milliards d’organismes et qui constitue 98% de la biosphère marine, est en outre caractérisé par une extrême rapidité de reproduction et une complexité biologique telles que l’on considère qu’il s’agit là d’un extraordinaire « cyclotron » naturel favorisant un taux élevé d’évolution, de sélection et de mutations qui engendrent à leur tour une incroyable diversité génétique elle-même source de promesses de solutions d’avenir pour les domaines précités – comme d’ailleurs plus largement pour le domaine des biotechnologies marines (associées au domaine de la chimie, de l’énergie, des nanotechnologies…), ces organismes ayant pour certains des capacités à transformer la matière de manière totalement unique et sur des très grandes échelles.
Les espoirs sont ainsi nombreux pour les instituts de recherche et laboratoires privés investis dans une course aux nouveaux protocoles médicaux, aux nouveaux médicaments, aux nouvelles molécules actives. N’oublions pas que l’AZT traitant le Sida et certaines molécules actuellement utilisées dans la recherche pour le traitement de certains cancers sont déjà issues du domaine marin. Les espoirs sont donc nombreux dans ce domaine et ont conduit de multiples organismes à investir sur des investigations des grands fonds et de la collecte systématique d’espèces phytoplanctoniques.
C’est dans cette même logique que le fameux Venter Institute s’est lancé dans une course effrénée dans le séquençage génomique systématique du milieu naturel en général, du milieu marin en particulier, ce milieu – et notamment les plaines abyssales qui constituent le plus grand écosystème terrestre – étant encore inconnu sur les plans biologique, écologique et génétique à plus de 90%.
Le séquençage de molécules marines au sens large est donc l’un des enjeux majeurs des années à venir et la biogénomie marine, notamment profonde, un secteur de recherche en pleine évolution et dont on ne mesure aujourd’hui qu’à peine les enjeux scientifiques et financiers. Sans parler de l’aspect sociétal futur que le milieu marin permettra de faire évoluer vers plus d’innovations industrielles, biotechnologiques, biomédicales pour le bénéfice des générations à venir.
C’est pourquoi, au sein du programme SeaOrbiter, nous croyons fermement à ces enjeux pour demain et avons initié une démarche réflective et collaborative avec l’Institut Pasteur afin d’engager la sphère de recherche biomédicale comme les utilisateurs des milieux pharmaceutiques et hospitaliers dans la voie de ce secteur d’innovation.
Cet accompagnement de l’Institut Pasteur doit déboucher dans les prochains mois sur un véritable consortium de recherche permettant de rassembler chercheurs et utilisateurs du monde entier autour de ce nouveau territoire d’investigation.
Là encore, l’intégration d’un partenaire privé doit permettre de soutenir, de développer et de structurer cette stratégie où chacun des partenaires investis pourra légitimement retrouver le bénéfice de son engagement.
Au-delà des molécules, des protocoles innovants
De par sa capacité à proposer une plateforme de vie isolée en mer, SeaOrbiter offre aussi des possibilités uniques pour tester un certain nombre de protocoles médicaux innovants dans le domaine de la télé médecine, télé chirurgie dont les applications s’adressent à des populations isolées. Ces domaines de recherche spécifiques développés en grande partie avec le concours des agences spatiales passent aussi par l’utilisation et le développement de TIC et d’applications notamment dédiées au diagnostic dont les développements touchent directement les pays en voie de développement. Enfin l’utilisation d’un laboratoire hyperbare permettrait aussi de tester des protocoles cliniques pendant des périodes étendues qui permettraient de suivre l’évolution et l’effet de certains médicaments. Peut-être même de développer de nouveaux protocoles