La planète est en crise, ce n’est plus un secret pour personne.
De par le monde, de nombreuses voix s’élèvent pour dire que l’avenir de l’humanité se joue au cœur des océans. Et tout comme la vie y est certainement apparu il y a 3,5 milliards d’années, le destin de nos civilisations se joue aujourd’hui dans les profondeurs abyssales de notre planète.
Pour autant, si elle est aujourd’hui plus répandue, cette vision n’est pas entièrement neuve. Et depuis que l’homme a mis la tête sous l’eau, pour ce qui est des prémisses depuis l’antiquité mais en réalité de manière industrielle et professionnelle depuis 300 ans, il s’est peu à peu forgé une nouvelle vision du monde sous-marin et des abysses. Et l’homme s’est mis à « habiter la mer » c’est-à-dire à coloniser de plus en plus fréquemment et de plus en plus profondément le milieu marin et ses fonds de moins en moins insondables. Dans la veine de Jules Verne et de son Nautilus, les premiers pionniers et inventeurs de systèmes alambiqués et de machines folles ont ouvert la voie à la pénétration de l’homme sous la mer par la voie du scaphandre et du sous-marin ou de ses corollaires – sphères, tourelles et autres systèmes plus ou moins sophistiqués… Les contraintes techniques résolues et les limites repoussées, notamment par Cousteau et ses mousquemers inventeurs de la plongée moderne, l’exploration a pu commencer pour apporter son lot de découvertes scientifiques et de publications académiques à propos d’un nouvel univers qui s’ouvrait aux sphères de la connaissance et du savoir. La Calypso ouvrant la voie vers le monde des béotiens, bientôt renforcée par la soucoupe plongeante, les systèmes et les machines se perfectionnant, le phénomène s’accéléra ouvrant la voie à de nombreuses sciences marines, qui pour n’être pour la plupart que bicentenaires n’en ont pas moins ouvert des champs de recherches et de découvertes remarquablement diversifiés et hautement déterminants pour la compréhension du monde vivant comme du monde physique. Mais l’impérieuse nécessité de rester toujours plus longtemps sous l’eau a peu à peu fait son chemin et le concept de maison sous-marine est né de cette envie de l’homme de s’inscrire plus durablement dans cet univers qui lui tendait désormais les bras. Cousteau, encore lui, fut le premier à sauter le pas et à installer un véritable habitat sur le sol marin. Une vraie révolution. Non pas tant technologique car l’exploit demeure du domaine de l’expérimental mais bien spirituel et philosophique : l’homme a enfin reconquis son milieu originel où il peut désormais séjourner les yeux ouverts sur ce monde sous-marin qui l’entoure et l’accueille avec bienveillance. Une étape qui marque la génération qui s’éveille dans le sillage de l’homme au bonnet rouge. Habiter la mer n’est plus une utopie. Jacques Rougerie – qui fait partie de ceux-là – en est convaincu. Il sera architecte du monde sous-marin créant des villages sous la mer, réalisant et expérimentant ses propres maisons sous-marines, ses propres vaisseaux innovants. Avec toujours la même obsession : donner à voir à ceux qui peuvent désormais habiter cet océan qu’il met à leur portée par le concept architectural et l’ingénierie innovante mais aussi par le dialogue qu’il sait établir à travers ces grands yeux qui caractérisent ses créations et qui tissent peu à peu sa propre légende. 35 ans plus tard, SeaOrbiter héritier de ses créations et réalisations est le nouveau navire amiral de Jacques Rougerie, prêt à tracer un nouveau sillon dans le bleu de l’océan. A ouvrir une nouvelle voie. Pour la science mais aussi pour l’éducation à ce monde qui mérite plus que jamais notre attention. Pour tisser de nouveaux liens et définir de nouveaux rapports entre l’homme et l’océan.
« H²O : hills to ocean comme disent les anglosaxons,
des hauteurs à l’océan en français, tout va à l’océan.
Tout finit à l’océan. »
Car en même temps que la conquête technologique des abysses, l’homme a procédé à une conquête intellectuelle du milieu sous-marin. Jules Verne fut sans doute le premier à apporter un éclairage nouveau – certes très romancé – sur ce dernier. Son roman 20 000 lieues sous les mers a sans aucun doute été le premier catalyseur d’une communauté qui s’ouvrait par ailleurs aux prémices de l’océanographie. Cette communauté littéraire – la communauté des Meriens – regroupée derrière la symbolique du Nautilus a créé une première vague d’intérêt, de passion pour l’océan. Puis vint Cousteau. Changement d’époque, de moyens, de médias, d’échelle. Cousteau a ouvert la porte du monde du silence par l’entremise de la plongée en scaphandre – qui permettait dès lors de s’immerger dans le monde sous-marin de manière plus aisée – et par le prisme de la télévision qui lui a offert une audience – puis une tribune – planétaire. La communauté des Meriens a grossi, bercée au rythme des aventures de la Calypso et de l’épopée Cousteau sur toutes les mers du monde. Une œuvre de sensibilisation universelle qui a fait du Captain Planet l’un des hommes les plus célèbres de la deuxième moitié du 20e siècle et le héros de la véritable découverte moderne du monde sous-marin. Avec une cible privilégiée, cette fameuse « génération future » dont Cousteau avait pressenti l’importance dans le protocole de gestion d’une planète qui donnait ses premiers signes de faiblesse environnementale. Aujourd’hui la génération Cousteau a grandi mais elle conserve au fond de son inconscient devenu collectif cet écran bleuté qui a guidé ses pas, ses vocations, dans le souvenir puissant des aventures de la Calypso. Elle nous a menés vers une autre vision du monde vers une autre conception de nos responsabilités vis-à-vis du monde sous-marin, de l’océan, de la planète. Mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir sur ce chemin et de nombreux héritiers de Jules Verne et de Cousteau ont repris le flambeau. Et ils ont leur porte drapeau. Autres temps, autre vaisseau : c’est désormais SeaOrbiter qui porte les espoirs et les ambitions des Meriens des temps modernes. Son créateur, Jacques Rougerie est bien l’héritier de cette lignée de visionnaires marins qu’étaient Jules Verne et Cousteau. Le Merien étant bien aujourd’hui celui qui, habitant proche ou lointain du rivage, a compris que ses actes quotidiens avaient un impact direct sur le milieu marin et que l’océan était bien le moteur global de la planète, le garant de ses équilibres et du destin des civilisations qu’elle porte. SeaOrbiter, ambassadeur de la sensibilisation environnementale planétaire aux couleurs de l’océan prend aussi appui sur les nouveaux médias numériques et le monde magique d’Internet. Un nouveau saut quantique dans notre capacité à sensibiliser la planète mer et à diffuser du contenu éducatif au bénéfice des océans afin de provoquer la troisième expansion de la communauté des Meriens.
Qui sont les Meriens d’aujourd’hui ? Ce sont tous ceux qui ont compris que l’océan est au cœur du système planétaire et que chacun de nos actes a un impact sur lui. Et pas besoin d’habiter au bord de la mer pour cela. Bien au contraire. Le Merien habite les villes, les plaines, les vallées, les montagnes. H²O hills to ocean comme disent les anglosaxons, des hauteurs à l’océan en français, tout va à l’océan. Tout finit à l’océan. ET tout y commence. Il faut y être sensibilisé, éduqué, alerté. De notre capacité à réussir ce pari dépend notre capacité à convaincre. Pour un meilleur engagement des plus jeunes envers les enjeux planétaires à venir d’où l’océan ne peut plus être tenu à l’écart. L’intégration de la thématique « océan » dans les sommets internationaux sur le développement durable a aujourd’hui valeur de symbole. C’est aussi un fait irréversible. Depuis Copenhague et après Rio + 20 et la COP21 de Paris, les « Journées de l’océan » ont fait la démonstration qu’il est illusoire de croire que l’on pourra traiter des problèmes de durabilité de la planète sans prendre en considération les multiples enjeux liés à l’océan. La nouvelle responsabilité sociétale que la gestion planétaire à venir réclame sera aux couleurs de l’océan ou ne sera pas. Pour des problèmes d’équilibres écologiques mais aussi pour des solutions d’avenir dont les océans, tous les scientifiques du monde s’accordent à le dire, regorgent. Que ce soit dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de la pharmacologie, de l’industrie, de l’énergie… les biotechnologies et les ressources issues du domaine marin sont une source encore très largement inexplorée – inexploitée– de richesses qui conditionneront le futur de l’humanité. Reste à inventer un modèle qui permettra une utilisation raisonnée de ces richesses. C’est l’un des engagements de la future Blue Society et des personnes qui, regroupées autour du projet SeaOrbiter et d’organisations telles que le l’Alliance pour les mers et les océans, le World Ocean Network, Nausicaa, Green Cross, Sea for Society ou Tara Expeditions, aident à construire ce nouveau modèle socio-économique mondial fondé sur une gestion écosystémique d’une planète ayant intégré, de manière responsable et durable, l’océan comme moteur pour sa survie et comme source principale d’innovation et de solutions pour le futur.
Une rupture prospective et visionnaire, voilà ce que propose la Blue Society par rapport, notamment, à la green economy . Il s’agit de modifier de manière drastique notre vision sociétale, et cela à l’échelle internationale, pour accompagner la planète vers un futur désirable, une véritable révolution sociétale – et non un simple changement vers une industrie plus écologique – pour sortir de la crise écosystémique qui caractérise notre dérive planétaire actuelle. Plus que du temps de Jules Verne ou de Cousteau, c’est d’un véritable changement de paradigme qu’il s’agit. Un changement de paradigme aux couleurs de l’océan.