Revêtant des aspects très diversifiés tels que sujets environnementaux, industriels, portuaires, touristiques, logistiques, énergétiques… le domaine maritime est considéré par de nombreux analystes comme un secteur à fort potentiel de croissance économique pour les années à venir. On parle ainsi de Croissance bleue et d’économie bleue pour ce secteur d’activité caractérisé en outre par une très large diversité de savoir-faire et de métiers en pleine mutation technologique et industrielle, grâce notamment à l’intégration des bénéfices de la révolution digitale. Le secteur de l’économie maritime tous acteurs et secteurs confondus constitue donc une source majeure d’innovations potentielles dans un univers qui par ailleurs se déploie assez largement dans un environnement naturel agressif et hostile accueillant des plateformes éloignées des centres de construction, de pilotage, de maintenance, de communication… D’où de nombreux enjeux liés au déploiement d’écosystèmes experts notamment liés à l’univers de l’électronique.
Si la stratégie de certains instituts de recherche de tisser des ponts collaboratifs avec l’industrie est aujourd’hui sous-tendue par de nombreux projets de R&D appliquée, les grands groupes industriels comme le secteur des PME investis dans l’économie maritime cherchent eux-aussi à se rapprocher de pôles de recherche qui jouent alors parfois le rôle d’incubateurs en hébergeant, au-delà de leurs programmes collaboratifs avec l’industrie, des start-up et autres spin-off génératrices d’innovations.
Or dans le contexte des Appels à manifestations d’intérêt (AMI), Appels à projets (AP) et autres Concours à l’innovation tels que proposés notamment depuis 2010 par le Programme d’investissements d’avenir mis en place par l’Etat, l’économie maritime est essentiellement représentée à travers les énergies marines et le programme navires du futur. Pour autant l’économie maritime concentre de nombreux autres développements qui proposent un spectre d’innovations bien plus large.
PROSPECTIVE
La mer est donc le nouvel espace de développement de la planète car elle est à la croisée de tous les secteurs de l’économie et répond aux besoins de l’humanité et du mode de vie de nos sociétés : alimentation, transition énergétique, santé, minéraux, transports, loisirs. Le maritime pèse 1.500 Mrds$ dans l’économie mondiale, constituant ainsi le 2ème secteur économique de la planète dont l’OCDE estime qu’il pèsera 3.000 Mrds$ en 2030.
Car aux côtés des secteurs traditionnels, de nouveaux secteurs industriels vont émerger à l’horizon des prochaines décennies. Ces secteurs concerneront principalement les marchés des technologies nécessaires à l’exploitation des ressources, ainsi que celui du monitoring des activités en mer et celui de la sûreté des espaces maritimes dans lesquels elles sont implantées.
Le développement de ces activités en mer va également créer de nouvelles filières économiques sur les littoraux, ce qui, couplé à l’accroissement de la densité des populations sur les côtes, se traduira nécessairement par une nouvelle approche de la gestion du littoral et des interfaces terre/mer qui y seront créées, porteuses elles aussi de nouvelles activités (infrastructures portuaires flottantes, raccordements aux réseaux terrestres, production et traitement de l’eau, centres de maintenance et de pilotage, etc.).
Car l’économie maritime c’est autant des filières industrielles historiques qui ne cessent d’innover pour rester compétitives (Transport, Industrie navale, Pêche et produits de la mer, Ressources énergétiques, Communications) que des filières industrielles émergentes pour répondre aux nouveaux besoins (Énergies renouvelables, Ressources Minérales, Biotechnologies, Aquaculture, Tourisme et croisière) avec des enjeux transversaux communs à ces filières et à l’ensemble de l’économie (Environnement, Formation, Infrastructures, Numérique, Sciences et innovations, Services, Sûreté et sécurité, Surveillance, etc).
Mais pour atteindre de manière responsable ses objectifs en matière d’innovation, l’économie maritime de demain devra nécessairement prendre en compte la vision et la gestion intégrées des activités maritimes pour comprendre toutes les interactions entre économie, environnement et société, dans toutes les dimensions. Et la fameuse croissance bleue de l’Europe maritime pose le préalable d’un renforcement du développement durable dans l’économie maritime européenne à travers les nouveaux secteurs qui serviront de véritables leviers de croissance : aquaculture, biotechnologies, énergies marines renouvelables, deep sea mining et tourisme côtier.
LE MARITIME NUMERIQUE
Les services numériques et électroniques sont des outils essentiels à tous les secteurs du maritime et particulièrement aux nouvelles activités industrielles. La maîtrise des savoir-faire dans l’électronique garantit donc la cohérence de tout le secteur maritime, surtout à l’heure de la transformation numérique.
Les services et produits numériques, entre solutions logicielles, systèmes de simulation, plateformes virtuelles, cartographies ou autres bases de données, sont essentiels tant pour la conception, la réalisation, le développement que le suivi de projets, l’utilisation des outils développés (navigation, logistique) ou la gestion à distance (capteurs, électronique appliquée).
Ainsi, ces services numériques, reposant la plupart du temps sur la collecte, la compilation, la hiérarchisation, la mutualisation et l’utilisation d’une multitude de données électroniques, permettent aujourd’hui la réalisation et la conduite de navires, la conception et l’exploitation de systèmes de surveillance, d’assistance, de défense ou d’autoprotection, le pilotage de robots sous-marins et la mise en œuvre de leurs missions, ou encore la formation et l’entraînement de marins ou d’ouvriers qualifiés. Construction navale, sécurité maritime, cyber sécurité, transport maritime, ports de commerce, Oil & Gas, énergies marines renouvelables (EMR), offshore profond, robotique sous-marine, recherche scientifique marine appliquée, industrie nautique, activités nautiques, ports de plaisance… La transformation numérique du monde maritime et des entreprises qui en sont les acteurs nécessite des adaptations constantes dans un univers industriel plutôt conventionnel de par l’héritage de multiples savoir-faire qu’il véhicule. Les ruptures psychologiques y sont donc plus prégnantes que les ruptures technologiques quand on aborde le thème de l’électronique embarquée, de la télé-opération des systèmes de contrôle et de navigation, de la télémaintenance « on course » sans parler du sujet « navire autonome »…